Les dames de Kimoto

Les dames de Kimoto fut publié pour la première fois en 1959 : période charnière du Japon d’après guerre en plein essor économique mais à  l’orée d’un fort mouvement contestataire. Sawako Ariyoshi , au travers d’une belle fresque familiale, nous conte l’avant au féminin.  Fin XIXème Siècle, Hana, s’apprête à quitter sa famille afin d’intégrer le sceau patriarcal des Mantani, une lignée  de propriétaires terriens. Véritable rupture familiale- comme le veut la coutume-elle s’y prête volontiers , forte d’une culture traditionnelle puissante mais aussi dotée  d’une éducation intellectuelle rare pour une femme de cette époque. En effet, Toyono, sa grand-mère qui l’a élevée dans la stricte rigueur et l’esthétisme des traditions, s’est aussi battue pour que sa petite fille puisse accéder à la connaissance. Lire la suite

« Arrête avec tes mensonges »

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Quel exercice compliqué ! Comment écrire un billet sur cet énième roman de Philippe Besson. J’ai toujours eu du mal à parler de ses livres. Peur de dénaturer la pureté de son propos, peur de ne pouvoir exposer , exprimer  sa capacité à raconter l’indicible. Philippe Besson n’écrit pas des chef d’oeuvres ( quoique tout dépend de la signification que l’on donne à ce terme), il ne possède pas  la domination stylistique de certains grands noms de la littérature ( mais j’adore son style épuré) et ne vous emporte pas dans une fresque grandiloquente . Non, Philippe Besson, avec ses mots, dissèque l’intime, narre l’inracontable. Dans mes souvenirs, Bernard Pivot l’avait  décrit comme « un spéléologue de l’intime ». J’avais trouvé cette expression particulièrement adapté au romancier. Lire la suite

LA MONTAGNE ROUGE

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Regardez-nous, reprit-il enfin en relevant les yeux sur les policiers et en tendant vers eux ses mains aux ongles sales, le regard enflammé. Nous sommes coureurs toundra, fils du vent, peuple de la nature. Devant nous les pierres se tassent, derrière nous elles se redressent, la bruyère épouse nos pas, étouffe nos souffrances, la mousse éponge nos rêves, les montagnes nourrissent notre fierté, les loups égorgent nos espoirs. Les archives ? c’est une invention des Suédois pour nous perdre.

Enclos de la Montagne rouge, sud de la Laponie. Les éleveurs procèdent à l’abattage des rennes sous une pluie diluvienne baignant les hommes dans une boue informe de terre et d’entrailles ensanglantées. Mais la découverte fortuite d’ossements humains risquent bien de retarder la suite des opérations .

« L’enfant ne se démonta pas. Il prit Petrus Eriksson par la manche et l’emmena à l’extrémité de l’enclos, insensible aux hommes hagards, aux rennes perdus, à la pluie folle. Du doigt, il montra à son père. Petrus vit. Des entrailles de la terre détrempée surgissaient les pointes d’ossements humains mis à jour par ce déluge de nuit des temps. » Lire la suite

KAMAKURA DIARY

 

_kamakura-diary-2-kana_mFait peu commun, je vais parler d’une série manga en commençant par vous parler d’un film. N’ayant pas trop suivi les dernières sorties manga à l’époque de son apparition en France, j’étais passée complétement à côté de cette très belle série toujours en cours ( 7 tomes actuellement sortis au édition Kana). Le cinéaste Kore-Eda Hirokazu, par sa très belle adaptation du manga, a vite rétabli cette erreur. Son film Notre petite sœur est un petit bijou. Je ne m’appesantirai pas plus sur ses qualités cinématographiques pour lesquelles mes connaissances sont proches du point zéro. Pour ma part, j’ai trouvé  l’adaptation du manga particulièrement réussie. L’histoire n’est absolument pas dénaturée et au contraire sublimée par la beauté de ses plans . Avant d’aller plus loin dans le synopsis, je vous laisse regarder la bande annonce  parce qu’elle est tout a fait représentative de l’ambiance et du rythme du film comme du manga. Histoire de se mettre un peu dans l’ambiance 😉

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PARTIE COMMUNE

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Elle n’a pas de nom. Figée dans ses fondations, elle attend impassiblement que quelqu’un brise sa solitude . Ouverte à tous les vents mais toujours debout , forte de ses années d’expérience où elle abrita de son corps plusieurs générations de la famille Manin, la demeure, laissée à l’abandon, seule refuge des vieilles affaires qu’on se refuse à jeter, n’en reste pas moins le témoin d’une vie familiale révolue. Les visites sont devenues rare et la poussière s’accumule sur ses souvenirs . L’arrivée inattendue d’une troupe de théâtre au sein de son enveloppe charnelle réveille en elle une chaleur perdue et un sentiment d’appartenance. A leur contact, elle se révèle et se permet même quelques libertés, se laisse prendre au jeu et se découvre une âme créatrice. N’en déplaise à ses collègues voisines sources de basses médisances. Pendant ce temps , la rivière s’écoule toujours et murmure à qui veut l’entendre, qu’à son grand désarroi, elle est bien trop rapide pour se faire des amis . Lire la suite

Beckomberga Ode à ma famille

cvt_beckomberga_6809« Un oiseau de mer vole lentement au crépuscule dans l’hôpital de Beckomberga. Il est si blanc qu’il semble luminescent, je l’aperçois fugitivement alors qu’il plane à travers les couloirs ; l’instant d’après il s’est volatilisé. »

Bon je vais être franche d’emblée : ce livre m’a mise en colère . Fait extrême et rarissime, je l’ai lu, irritée, un sentiment  sournois, noir tapi au fond de moi .  Sentiment d’autant plus désagréable qu’il m’a quelque peu gâché ma lecture mais remettre en question le livre lui-même et ses qualités serait une erreur car objectivement, c’est un très beau roman .

Sur la quatrième de couverture,  une citation de Politiken a été retranscrite : « Comment puis-je cher lecteur, vous faire comprendre cette merveilleuse alliance de lumière et de pénombre qui caractérise la prose de Stridsberg . C’est indescriptible, il faut que vous fassiez  vous même l’expérience d’une telle saveur ».  Je ne pourrais pas mieux exprimer ce sentiment. Lire la suite

SOLANIN

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Des jours paisibles et pesants, un quotidien ordinaire…

Un quartier qui vit sa vie et nous qui devenons adultes…

 

Meiko est une jeune Office Lady ( terme désignant  les femmes actives japonaises travaillant dans un bureau). Du jour au lendemain, elle décide de démissionner .  A la recherche d’elle même et de ses rêves, Meiko entrainera son petit ami Taneda , illustrateur assistant, en cette quête  encore mal définie et dont l’issue reste incertaine.  Se révélera t’elle vaine et  chimérique ou prendra t’elle tout son sens ?

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drama ?

Ce billet répond juste à une petite envie de partager autre chose et inaugurera une nouvelle catégorie intitulée films/drama/animés. Je ne suis pas sûre que cette nouvelle catégorie soit très régulièrement fournie et j’avoue être  néophyte dans ce domaine mais j’avais envie de parler en quelques lignes de petits coups de cœur.

Voili, voilou. Entrons donc dans le cœur du sujet, aujourd’hui nous allons parler drama. Qu’est-ce qu’un drama ?  C’est une série télévisée japonaise . Par extension , le terme est aussi utilisé pour des séries d’autres pays asiatiques ( Corée, Taiwan exct..). Je connaissais de nom étant donné que le drama adapte souvent des manga mais j’avais une idée préconçue du concept à savoir des séries peu intéressantes avec des jeux d’acteurs très « surjoués »… Nier complétement ces détails seraient une erreur car  le concept est bien présent dans pas mal de drama ( et cela peut avoir son charme) mais comme dans tous les domaines, il existe des exceptions ( et même finalement beaucoup) qui sortent de ces poncifs ou du moins qui ont attiré mon attention et  m’ont procuré  un réel plaisir à leur visionnage. Ce récent intérêt pour ce genre de série ne provient pas uniquement de « ma passion » pour le pays du soleil levant, elle est aussi  née d’un ras le bol des séries policières, guerrière exct continuellement présentes sur nos chaines télévisées. J’avais besoin de calme, de quelque chose de beaucoup plus doux voir drôle . Aujourd’hui, je vais vous en présenter deux.

DAISUKI!

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On commence avec Daisuki! . Le synopsis peut laisser un peu perplexe au départ et n’est pas forcément des plus attrayants mais cette série courte de 10 épisodes ( qui semble être l’adaptation d’un manga non licencié en France si j’ai bien compris … pas si sûre) risque de vous surprendre et vous émouvoir. Yuzu est une jeune femme enceinte qui vient de perdre son compagnon. Elle a la particularité de présenter une déficience mentale. Elle vit donc encore avec sa mère en compagnie aussi de son jeune frère Ren ( jeune adulte aussi). Le drama  va donc suivre cette jeune femme pas tout à fait comme les autres dans son parcours de jeune maman. Des débuts chaotiques qui vont laisser perplexe  son entourage à son évolution  . Nous suivons ainsi Yuzu et sa petite fille Himawari pendant plusieurs années ( 7/8 ans ) . Pas mal de sujets son abordés et plutôt traités avec finesse et  délicatesse. Vous vous doutez bien que tout ne va pas  être facile . Le drama suit donc le quotidien parfois lourd de cette famille  qui va devoir se confronter aux difficultés de Yuzu à élever son enfant mais aussi aux intolérances de la société. Tout n’est pas rose, tout n’est pas facile. Le poids et les sacrifices que doivent fournir la famille de Yuzu sont aussi contrebalancés par les  très beaux moments qu’elle leur apporte. Il y a beaucoup d’amour  et de tendresse dans cette série pourtant bien inscrite dans une réalité difficile mais où rien n’est impossible non plus ! Elle regorge de bons moments.

http://www.anime-ultime.net/  section drama

 

DR KOTO

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Ce  drama est l’adaptation d’un manga du même titre licencié en France chez Kana. Celui-ci suit le quotidien d’un jeune médecin tokyoïte qui  répond à l’annonce d’une petite île côtière isolée pour diriger une  clinique composée d’une infirmière et d’un homme à tout faire . Nous suivons le quotidien de ce jeune médecin et son adaptation progressive à la vie de cette petite île. C’est une série vraiment très tranche de vie qui fait la part belle à l’humain et l’appréciation de la nature. D’un abord très méfiant, cette petite communauté va se révéler pleines de ressources  et de solidarité. Ce drama se révèle  vraiment très apaisant pourtant sans grande prétention. J’ai vraiment adoré la première saison. ( La deuxième saison m’a un  petit peu déçue, je l’avoue ) .Aaah, faut que je vous dise, j’adore le générique de fin pourtant il fait très désuet (rire)

http://www.crunchyroll.com/dr-cotos-clinic

 

HEAVEN

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La pluie était devenue plus faible. Le soleil s’est fait plus fort, la peau de Kojima brillait d’une couleur pâle. Elle s’accrochait à moi et pleurait en riant. Elle riait en me regardant, et de ses yeux coulaient des torrents de larmes qui se mélangeaient à la pluie et à la boue. Ça fait mal, hein, j’ai dit. Hein, Ça fait mal. Ça fait mal, j’ai répété sans pouvoir m’arrêter. Et moi aussi mes larmes coulaient.

Pourquoi commencer ce billet par cette citation ? Parce que  souffrance, douleurs, larmes font partie intégrante de ce roman mais aussi parce que son histoire brille  par une tremblotante lumière (symbolisée sur ces quelques mots par l’inaltérable rire de Kojima). Il se dégage de ce récit une belle force et un inconscient éclat de vie . Lire la suite